Aurélie Admin
Nombre de messages : 108 Localisation : 95 Date d'inscription : 06/07/2007
| Sujet: journée de concertation pour l'éducation de jeunes sourds Mar 11 Jan - 18:02 | |
| Bonjour, Voici le communiqué de presse envoyé aujourd'hui par l'ALPC suite à la journée de concertation du 8 décembre dernier. A relayer également dans vos réseaux. Communiqué ALPC L’ALPC demande la mise en accessibilité de l’enseignement aux jeunes sourds communiquant en Langue française parlée complétée. Le 8 décembre 2010 s’est déroulée à Paris une « Journée nationale de réflexion et de concertation sur la scolarisation des jeunes sourds ». Elle avait été programmée en tant que « conférence de consensus » dans le cadre de la « Journée nationale du handicap » en 2008, puis annoncée dans le plan gouvernemental « handicap auditif » de février 2010. Cette rencontre entre représentants des ministères concernés, de la CNSA et des associations d’usagers avait l’objectif initial d’étudier les besoins des jeunes sourds scolarisés, en fonction de leur mode de communication, et surtout de ceux utilisant la « Langue française parlée complétée » (LPC). « S’agissant de l’enseignement en milieu scolaire ordinaire, la mise en œuvre des parcours scolaires des jeunes sourds s’appuie sur des pôles « bilingues » (LSF et français écrit) (…). Cependant, il convient d’observer que ce parcours de formation est fortement dédié à l’enseignement de la / en langue des signes française. En effet, les dispositifs prévus pour les enfants ayant fait le choix de la langue française seule, si ce choix s’accompagne d’une demande d’aide par le LPC, n’ont pas été instaurés dans les pôles créés par le ministère chargé de l’éducation nationale ». (extrait du plan « handicap auditif »). Dans les faits, l’expression argumentée des attentes associatives a été contrecarrée par l’organisation proposée le 8 décembre :
Seuls trois représentants de l’ALPC, sur une quarantaine d’intervenants, ont pu disposer de 5 minutes de temps de parole programmée.
L’association nationale des codeurs LPC (ANCO) n’a pas été conviée à la table ronde concernant les acteurs de la scolarisation.
Un certain nombre d’experts, dont le choix par les administrations n’a pas été concerté avec les associations, a choisi d’intervenir sur des sujets ne concernant pas directement la scolarisation (notamment les méthodes de rééducation orthophonique).
L’ALPC regrette et dénonce que cette conférence n’ait pas au minimum permis de clarifier un lexique de base différemment interprété : 1) L’accompagnement de la scolarité nécessite en priorité la mise en accessibilité de la langue d’enseignement dans la classe ; selon le choix linguistique des familles, un codeur LPC qualifié et diplômé est donc requis. Le ministère de l'Éducation nationale limite quand à lui l’accompagnement à l’intervention possible d’enseignants spécialisés ou de médiateurs pédagogiques, sur la base de la formation optionnelle des enseignants d’accueil. Cette dernière éventualité ayant été démontrée comme insuffisante lors de la conférence, les représentants de l'Éducation nationale ont inventé un nouveau concept de « co-enseignants » en LPC, sans aucune analyse préalable… 2) La Langue française parlée et complétée est, pour les familles qui en ont fait le choix, la langue française rendue accessible aux jeunes sourds en toute situation. L’administration la conçoit comme un simple outil pédagogique, qui, de ce fait, deviendrait optionnel pour les professionnels encadrant la scolarisation et relèverait de la compensation individuelle du handicap. 3) Le libre choix linguistique a été défini par la loi de 2005 : les parents et jeunes sourds ont à choisir entre le bilinguisme (LSF et langue française) ou la seule langue française. L’administration ne reconnaît donc pas la légitimité du choix familial de la LPC comme mode de communication. Cependant, ce choix est officiellement déclarable dans toute demande faite à la MDPH. Il est également reconnu de façon spécifique dans le cadre des études supérieures (ou l’accompagnement par un codeur LPC est financé par le Ministère de l’Enseignement supérieur ou de l'Éducation nationale) ou celui de l’accès à la vie sociale pour les adultes sourds (article 78 de la loi 2005 sur les « dispositifs de communication adaptés » donnant droit à un financement via la PCH). 4) Le détournement du sens de la mesure 16 du plan « handicap auditif » relève visiblement du même principe d’une interprétation lexicale permettant de ne pas la mettre en application. La mise à disposition expérimentale de codeurs LPC dans 3 académies par l'Éducation nationale, mentionnée dans le plan gouvernemental, s’est ainsi transformée en formation à la LPC de médiateurs pédagogiques dans 19 académies. Pour autant, l’impossibilité d’intervention suivie du médiateur en classe ne peut annuler le besoin d’accompagnement par un codeur. L’ALPC souhaite attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’incohérence des orientations actuelles :
Les populations concernées sont hétérogènes : leur réduction à deux seules catégories (les jeunes sourds dont l’aide technique permettrait un accès naturel à la langue française parlée et les jeunes sourds ayant choisi la LSF comme langue première) ne peut conduire qu’à des dérives.
Aucune aide technique n’est aujourd’hui susceptible de garantir l’accessibilité de la langue parlée.
Refuser aux jeunes sourds le droit d’utiliser la LPC comme mode de communication, tout en encourageant dans les faits et les textes (circulaire « Pass » de mai 2010) le bilinguisme pour tous, contredit la loi de 2005 sur le libre choix linguistique et le devoir
de mise en accessibilité de la sphère publique, dont les établissements d’enseignement.
L’ALPC attend une réponse précise à cette question fondamentale :
Les MDPH demandent aux parents d’exprimer un choix linguistique pour leur enfant sourd et la LPC figure parmi les options proposées. Près de 25% des familles ont exprimé le choix de la LPC comme mode de communication, soit environ le même pourcentage que celles qui ont fait le choix de la LSF (données Ministère Éducation nationale). Pourquoi ce choix n’est-il pas pris en compte ?
Les jeunes sourds auront droit à cette mise en accessibilité lors de leurs études supérieures et dans le cadre de leur vie sociale adulte. Leur besoin de LPC est aussi reconnu dans les protocoles de mise en œuvre des centres-relais téléphoniques. Pourquoi ce droit n’est-il pas accordé aux enfants, qui, entre 3 et 18 ans, présentent le même type de handicap ?
Une telle incohérence équivaut à un mépris total des besoins de plus de 25% des enfants sourds. L’ALPC approuve les orientations susceptibles de répondre aux besoins des élèves sourds ayant fait le choix premier de la LSF. Mais elle demande que le document de réflexion et d’analyse des besoins de tous les jeunes sourds, élaboré par le comité de pilotage inter-associatif (UNISDA, FNSF, ANPES, 2LPE) soit acté dans sa totalité et figure dans le rapport de synthèse de la journée du 8 décembre, qui devra servir de base de réflexion lors de la prochaine « Journée nationale sur le handicap », programmée en juin 2011. Paris, le 10 janvier 2011. Guy Garnier, Président de l'ALPC. | |
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